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Groupe d’étude INTERPHONE. « Brain tumour risk in relation to mobile telephone use: results of the INTERPHONE international case–control study », International Journal of Epidemiology, édition électronique, 18 mai 2010 (avant impression) Méthodologie Des renseignements détaillés sur l’usage du téléphone cellulaire ont été recueillis durant des interviews en face à face réalisées avec les sujets de l’étude ou avec un répondant substitut si le sujet était décédé ou trop malade. Le questionnaire d’interview comportait également des questions sur certains facteurs sociodémographiques, sur l’exposition professionnelle et médicale à des rayonnements ionisants et non ionisants, ainsi que sur les antécédents médicaux et le tabagisme. Les données sur l’emplacement anatomique des tumeurs ont été obtenues des rapports ou des images d’IRM ou des dossiers chirurgicaux ou cliniques. Les données ont été analysées par régression logistique conditionnelle pour ensembles appariés. La catégorie de référence servant au calcul des ratios d’incidence approché (OR) – les personnes n’ayant jamais été des utilisateurs réguliers – était formée des sujets qui n’avaient jamais utilisé de téléphone cellulaire et d’autres qui en avaient fait un usage occasionnel sans toutefois dépasser un appel par semaine pendant six mois et plus. Le nombre cumulatif d’appels et le temps d’appel cumulé ont été analysés par catégories, en fonction des déciles de distribution de ces variables entre les groupes témoins et les groupes d’utilisateurs réguliers. Résultats Dans le cas des méningiomes, l’OR pour les tumeurs du lobe temporal a été nettement inférieur à 1,0 (voir le tableau). Le risque de méningiomes siégeant dans le lobe temporal a également été réduit (quoique pas toujours de façon significative) dans toutes les catégories représentant la durée d’utilisation, le temps d’appel cumulé et le nombre cumulatif d’appels. En ce qui a trait aux gliomes, le risque de tumeurs du lobe temporal a été réduit mais de façon non significative. L’OR pour les gliomes du lobe temporal a été supérieur à 1,0 dans les catégories maximales de la durée d’utilisation (≥ 10 ans), du temps d’appel cumulé (≥ 1 640 h) et du nombre cumulatif d’appels (≥ 27 000), la hausse n’étant significative que dans la catégorie du temps d’appel cumulé maximal (OR = 1,87; IC à 95 % = 1,09 à 3,22). En ce qui a trait aux méningiomes, l’OR dans les cas d’usage homolatéral du téléphone cellulaire (c.-à-d. usage du même côté que la tumeur) a été inférieur à 1,0 ou près de cette valeur dans la plupart des catégories représentant la durée d’utilisation, le temps d’appel cumulé et le nombre cumulatif d’appels. Une légère hausse non significative a été observée dans la catégorie maximale du temps d’appel cumulé et dans la deuxième catégorie du nombre cumulatif d’appels. Dans le cas des gliomes, une hausse statistiquement significative de l’OR associé à l’usage homolatéral du cellulaire a été observée dans la catégorie du temps d’appel cumulé maximal (OR = 1,96; IC à 95 % = 1,22 à 3,16); en revanche, la hausse a été non significative dans les catégories maximales de la durée d’utilisation et du nombre cumulatif d’appels. Pour les méningiomes et les gliomes, l’OR pour l’usage homolatéral du téléphone a été supérieur à l’OR associé à un usage controlatéral pour la plupart des catégories de la durée d’utilisation, du temps d’appel cumulé et du nombre cumulatif d’appels. Dans le cas des méningiomes, le rapport homolatéral/controlatéral des OR a été plus élevé dans les deux catégories maximales de temps d’appel ainsi que dans la deuxième catégorie représentant le nombre cumulatif d’appels. Pour les gliomes, ce rapport a été le plus élevé dans la catégorie du nombre cumulatif maximal d’appels.
*Catégorie de référence - « jamais un utilisateur régulier », conformément à la description présentée dans la section « Méthodologie »; données corrigées en fonction du sexe, de l’âge, du centre d’étude, de l’ethnicité (Israël) et du niveau de scolarité En ce qui a trait au risque apparemment réduit chez les utilisateurs réguliers du cellulaire, les auteurs rejettent l’hypothèse d’un véritable effet de protection qu’ils estiment peu vraisemblable, et examinent un certain nombre d’autres explications possibles, notamment la possibilité d’un biais d’échantillonnage, le taux de participation relativement faible (78 % pour les personnes atteintes de méningiomes, 64 % pour les gliomes et 53 % pour les témoins), le moment où ont été réalisées les interviews et les facteurs de confusion. Sur la base des résultats d’études antérieures visant à caractériser les sources possibles de biais, ainsi que des résultats des analyses de sensibilité présentés dans cet article, les auteurs ont conclu que ces sources d’erreurs potentielles ne peuvent expliquer totalement la diminution observée du risque et ils examinent actuellement la possibilité de faire une correction mathématique des valeurs estimées de l’OR pour tenir compte de ces erreurs. Quant au risque apparemment élevé de gliomes chez les grands utilisateurs, certains sujets (davantage de cas que de témoins) ont déclaré des durées d’utilisation peu vraisemblables, par exemple plus de 5 heures par jour et même jusqu’à 12 heures et plus par jour. Selon des études de validation antérieures, les grands utilisateurs ont tendance à surestimer leur usage du téléphone (les erreurs se situant davantage au niveau de la durée des appels que de leur nombre), et les cas ont eu tendance à surestimer davantage leur utilisation du cellulaire que les témoins. Ces erreurs pourraient contribuer au risque en apparence accru de gliomes dans la catégorie du temps d’appel cumulé maximal. À tous les niveaux d’exposition, les OR pour l’usage homolatéral du téléphone ont été supérieurs aux OR pour l’usage controlatéral, même si le rapport homolatéral/controlatéral a eu tendance à être plus élevé aux niveaux d’exposition supérieurs. Il est possible que cet effet soit dû, du moins en partie, à une surdéclaration par les cas de l’usage du téléphone du même côté que la tumeur. On ne peut toutefois pas exclure un effet véritable. Les résultats sur les tumeurs dans différents lobes sont moins sensibles au biais de déclaration et il a été démontré que, dans le cas des gliomes, les OR associés aux catégories d’exposition maximales ont été plus élevés dans le cas des tumeurs du lobe temporal (où l’exposition est habituellement maximale) que des autres lobes. Les estimations des OR spécifiques du lobe étaient toutefois imprécises (larges intervalles de confiance). Malgré des profils comparables, les OR pour les méningiomes ont été dans l’ensemble inférieurs à ceux pour les gliomes et, contrairement aux résultats pour les gliomes, aucune donnée probante ne fait état d’une augmentation du risque de méningiome dans le lobe temporal. Les auteurs concluent que leur étude ne fournit aucune preuve d’une augmentation du risque de méningiomes chez les usagers du téléphone cellulaire. Les profils comparables des OR pour ces deux types de tumeurs cérébrales pourraient indiquer une étiologie commune ou un biais commun. Conclusion
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