Dans une étude épidémiologique, la distribution et les déterminants d'effets sur la santé dans une population sont étudiés dans le but de déterminer la cause des effets.
À ce jour, le nombre d'études épidémiologiques portant sur les effets de l'utilisation des téléphones mobiles ou de la proximité d'une station de base sur la santé est encore plus limité. L'augmentation importante du nombre d'utilisateurs de téléphones mobiles est en effet un phénomène récent, ce qui limite les possibilités d'études épidémiologiques. Compte tenu de l'intérêt accru du public pour les télécommunications personnelles sans fil et les préoccupations suscitées par les possibles effets de cette technologie sur la santé des utilisateurs, on peut s'attendre à une multiplication des études portant sur cette question à l'avenir.

On compte deux principaux types d'études épidémiologiques :

  • Cas-témoin : Ce type d'étude commence par la formation d'un groupe de personnes atteintes de la maladie en question et d'un groupe témoin approprié composé de personnes exemptes de la maladie. Les deux groupes sont ensuite comparés en tenant compte des facteurs causals
  • Cohorte: Dans cette étude, une population (une cohorte) est définie en fonction de la présence ou de l'absence d'un facteur susceptible d'influencer sur la probabilité d'apparition d'une maladie donnée. La cohorte fait ensuite l'objet d'un suivi afin de déterminer si les sujets exposés au facteur présentent effectivement un risque plus élevé de développer la maladie.

Défis: La conception et l'exécution des études épidémiologiques portant sur les effets de l'exposition aux champs électromagnétiques sur la santé des humains et l'interprétation de leurs résultats présentent des difficultés, pour un certain nombre de raisons (Phillips, 1998; Savitz, 1993; PNUE/OMS/AIRP, 1993).

  • Le rayonnement en champ lointain des ondes radioélectriques émises par une station de base de téléphonie mobile dépend de nombreux facteurs, et notamment du type de service de téléphonie mobile, des caractéristiques de l'antenne, de l'élévation du site de l'antenne, du nombre de sites proximaux d'antenne, du nombre d'utilisateurs dans la région et des structures ou des bâtiments qui peuvent influer sur l'énergie transmise. L'étude réalisée par Santé Canada (1997) et portant sur des mesures du champ RF dans des écoles de la région de Vancouver situées à proximité d'une station de base pour téléphones cellulaires analogues ou pour SCP fournit un excellent exemple de la variabilité des conditions qui peuvent exister d'une région à l'autre. Santé Canada a observé que la densité de puissance extérieure maximale enregistrée était de 230 à 6 200 fois inférieure à la limite d'exposition prescrite par le Code de sécurité 6, et que les mesures maximales effectuées à l'intérieur étaient de 4 900 à 59 000 fois inférieures à cette limite. Pour obtenir des données précises de l'exposition en champ lointain aux fins d'une étude épidémiologique, il conviendrait d'effectuer de multiples mesures individuelles pour chaque site d'antenne.

  • Il est également extrêmement difficile d'obtenir des évaluations exactes de l'exposition aux sources de rayonnement en champ proche comme les combinés. L'absorption de puissance provenant de l'antenne d'un téléphone sans fil est très hétérogène, et dépend d'un certain nombre de facteurs physiques liés au niveau de puissance du signal RF. Ces facteurs comprennent la distance qui sépare l'utilisateur de la station de base, l'interférence du signal provoquée par les bâtiments ou d'autres structures et la direction du déplacement de l'utilisateur en rapport à l'antenne (CIPRNI, 1996). Le niveau d'absorption d'énergie dépend également de la durée d'utilisation, du nombre et de la durée des appels individuels et d'autres " caractéristiques du comportement de l'utilisateur " (Rothman, 1996), y compris l'angle sous lequel le combiné est maintenu et la tendance de l'utilisateur à le porter à son oreille droite ou gauche.

  • La constitution d'un groupe témoin approprié constitue un autre défi des études réalisées par observation. La plupart des personnes sont exposées à des champs électromagnétiques de densité variable, selon leurs habitudes d'utilisation d'appareils électriques au foyer ou au travail et l'emplacement proximal des transmetteurs de télécommunications ou des sources de distribution d'énergie électrique.

  • Il est très difficile d'établir l'exposition aux champs électromagnétiques de sujets individuels sur une période utile de temps.

  • La reconstitution des antécédents d'exposition sans recours à des mesures directes oblige l'expérimentateur à s'en remettre à des hypothèses dont la validité n'est pas certaine.

  • Le contrôle des principales variables confusionnelles constitue un problème important.

  • Les rapports temporels entre l'exposition et la maladie sont souvent obscurs.

  • Le caractère relativement récent de l'avènement des technologies du sans fil complique encore la détection des effets indésirables sur la santé dont la période de latence peut être longue, comme la plupart des formes de cancers. La mise en place d'une cohorte qui pourrait faire l'objet d'une étude à long terme pourrait constituer une stratégie appropriée.

  • La plupart des cancers sont des maladies rares dont l'étude présente de ce fait un certain nombre de difficultés :
    • obtention d'échantillons suffisamment grands;
    • réalisation d'études par cohortes prospectives, du fait de la nécessité d'observer un grand nombre de sujets pour obtenir, avec le temps, un nombre de cas statistiquement adéquat;
    • l'examen de sous-types particuliers de cancer (p. ex., astrocytomes, gliomes) dont l'étiologie, par rapport à l'exposition aux champs électromagnétiques, pourrait être différente.

Évaluation de l’exposition dans les études épidémiologiques sur l’usage du téléphone cellulaire :

Divers articles publiés en 1996 dans la revue Epidemiology ont examiné certaines de ces questions. Un de ces articles (Funch) a décrit l'exactitude et la faisabilité d'une recherche fondée sur les registres d'une compagnie de téléphone en guise d'indice de l'exposition, aux fins de la réalisation d'une analyse de corrélation des réponses fournies dans le cadre d'une enquête par questionnaire auprès de ses clients. Dans un autre article (Rothman), on a cherché à lier des informations portant sur des clients individuels disposant d'une seule ligne téléphonique, les informations des bureaux de crédit et les données de l'administration de la sécurité sociale pour procéder à une comparaison des données de mortalité entre les utilisateurs de téléphones portables et de téléphones mobiles. Les rapports établis présentaient des difficultés importantes, y compris le risque d'un biais de sélection découlant d'une perte de contact avec les deux tiers environ de la population cible. Ces documents ont donné un aperçu des difficultés que peuvent présenter les études épidémiologiques portant sur l'utilisation du téléphone cellulaire. Selon Parslow (2003), les utilisateurs de téléphones mobiles ont tendance à sous-déclarer leur utilisation. Cette étude repose malheureusement sur un très faible taux de participation, ce qui jette des doutes quant à la validité de ses résultats. SC Kim (2006) a proposé une nouvelle méthode pour estimer les niveaux quantitatifs et relatifs d’exposition aux RF à l’aide d’un modèle de réseau neuronal basé sur les paramètres suivants : temps d’utilisation moyen par jour, période totale d’utilisation (en années), DAS du téléphone, utilisation du modèle mains libres, sortie de l’antenne et type d’appareil (téléphone pliable ou à rabat).

A detailed examination of the issues surrounding epidemiological studies of health effects of base stations can be found in:

Feasibility of future epidemiological studies on possible health effects of mobile telephone base stations (Neubauer, 2007).
Epidemiological risk assessment of mobile phones and cancer: where can we improve? (Auvinen, 2006).
Dans cette section, nous passons en revue les études qui examinent l'association entre les champs RF et les effets sur la santé, principalement le cancer. Il convient cependant de souligner que très peu d'études ont porté expressément sur l'exposition aux téléphones cellulaires et que les types de RF varient considérablement, ce qui complique les comparaisons entre études.

Qui plus est, toutes les études comportent une lacune grave, imputable à l’évaluation imprécise de l’exposition. Les difficultés liées à l’évaluation de l’exposition dans les études sur les téléphones cellulaires ont été examinées précédemment. Dans d’autres études, l’exposition est habituellement basée, soit sur l'emplacement géographique (dans le cas des études sur les émetteurs de radio et de télévision), soit sur les titres de postes (dans les études en milieu de travail). D'autres chercheurs utilisent les certificats de décès comme source d'information sur la profession, mais cette source s'est avérée assez inexacte (Andrews, K.A. et al., Bioelectromagnetics 1999; 20: 512-518).

La principale conclusion qui ressort de ces études est l'absence d'uniformité quant aux types de cancer ou au degré d'association entre différents facteurs.

Une revue des études épidémiologiques a été faite par Elwood , ainsi que par Moulder (1999, 2003) et al.(1999). Breckenkamp (2003) a passé en revue les études de cohortes portant sur des groupes professionnels susceptibles d’être fortement exposés. Les rubriques " Santé " et " Ressources " font référence à ces documents. D'autres revues ont été effectuées par le groupe d'experts de la Société royale du Canada (www.rsc.ca) ainsi que par le Independent Expert Group on Mobile Phones, au Royaume-Uni (www.iegmp.org.uk). Une revue des tumeurs cérébrales primaires (Wrensch, 2002) affirme que " les études sur l'utilisation du cellulaire… ont trouvé peu de preuve pour supporter une relation de causalité avec les tumeurs cérébrales ; des avertissements demeurent. "
D'autres revues ont été faites par Jauchem (2003) et Kundi (2004), Ahlbom (2004), and Moulder (2005) ), and Ahlbom (2005) . Kan (2007) conducted a meta-analysis of cell phone use and brain tumour.

Dans son dernier examen, Elwood (2003) formule l’évaluation globale suivante : Les résultats des études épidémiologiques n’ont ni la rigueur ni la cohérence nécessaires pour pouvoir conclure que les émissions de RF causent le cancer. D’autre part, bien que l’ensemble des données épidémiologiques ne semblent indiquer aucune augmentation du risque de cancer, il est impossible d’offrir une interprétation non équivoque du lien de causalité. Les résultats sont en effet incohérents et la plupart des études comportent des lacunes imputables à l’imprécision de l’exposition réelle, aux courtes périodes de suivi et à la capacité limitée de prendre en compte d’autres facteurs pertinents. D’autres études utilisent des données qui comportent un important biais. Pour ces mêmes raisons, il est impossible d’exclure en toute confiance la possibilité d’un risque accru de cancer, et d’autres recherches devront être menées pour préciser la situation ».

Kundi et al. (2004) conviennent que toutes les études comportent certaines lacunes méthodologiques, mais leurs conclusions générales diffèrent quelque peu : « ... toutes les études comportant un temps de latence raisonnable font état d’un risque accru de cancer associé à l’usage des téléphones mobiles ».

Les études examinées dans cette section peuvent être regroupées sous les rubriques « Études examinant l’usage du téléphone cellulaire » et « autres études épidémiologiques », cette dernière catégorie étant répartie entre les études sur la « population en général », le « personnel militaire » et les « autres professions ». Tous les documents de recherche sont énumérés, par ordre alphabétique selon le nom du premier auteur, dans la section de références qui figure à la fin de chaque sous-section.

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